Édith Godefroid

Recherche en cours

J’aimerais explorer le lien entre les notions de réalité et de perception, ou plus exactement entre ce que l’on nomme « la » réalité, d’une part, et le monde des perceptions, de l’autre, le monde tel que nous l’expérimentons, dans lequel (au-delà des aspects sensoriels) je m’intéresserai avant tout au processus cognitif qui est à l’œuvre et qui convoque autant la pensée et l’imaginaire que l’intuition et l’expérience. Une question centrale me guidera dans cette exploration : comment ce processus essentiellement individuel peut-il être assimilé à « la » réalité (au sens collectif) ? 

Pour entamer ma recherche, je partirai d’une expérience faite en 1983, qui m’intéresse autant par son audace que par le message de paix et de bienveillance qu’elle promeut. Une histoire méconnue que j’ai découverte dans Le nouveau dictionnaire de l’impossible, de l’écrivain Didier van Cauwelaert (Plon, 2015) : « des rêveurs d’élite envoyés par l’ONU dans les années 1980 en plein conflit entre Israël et le Liban », pour enrayer l’escalade de la guerre par une perception de paix – et qui ont obtenu des résultats spectaculaires. Ces rêveurs d’élite « priaient pour se réjouir que la paix soit déjà revenue. Aussi incroyable que cela paraisse, sur tous les lieux de combat traversés par cet escadron de “Casques roses”, la paix dont ils se félicitaient devenait une réalité ». Cette expérience (et son a priori incongruité) me semble un parfait premier point d’entrée. 

À travers cette recherche, c’est aussi ma propre pratique artistique que j’aimerais interroger. Avec comme point de départ ici, un objet : un casque rose – à la fois lien métaphorique avec mon premier point d’entrée et outil concret d’expérimentations.

Ce parcours de recherche, je souhaite le faire en utilisant le plaisir comme indicateur de justesse, que ce soit dans mes explorations à partir des techniques de jonglerie ou de clown (qui me sont familières) ou à partir du corps – du mouvement et de la voix, nouveaux médiums d’écriture pour moi. Je souhaite également aborder ce travail avec la naïveté du clown, m’inspirer de son humanité, prendre des risques de clown… pour tâcher de laisser libre expression à des formes qui me sont encore inconnues.

Edith Godefroid, janvier 2024 

Photo: © Edith Godefroid

Édith Godefroid
Parcours à L'L

Après dépôt de candidature, Edith Godefroid entame sa recherche à L’L en mai 2024.

Devenir clowne, un rêve d’enfance… Un chemin tortueux, plein d’illusions, de révélations et d’embûches…
1976, découvrant le monde, un lundi de Pâques, en Wallonie (Belgique), Édith, habitée par cette envie clownesque, entame une enfance tranquille durant laquelle elle fera ses premiers pas dans l’art de la jonglerie. Elle ressent le besoin de mettre du mouvement et de l’aventure dans sa vie.
À 18 ans, elle décide de se diriger vers la marine, et poursuit un Master en sciences nautiques à l’école de navigation d’Anvers. Pleine d’idéaux et de rêves bohèmes, elle se confronte ensuite à un monde rustre et machiste dans lequel elle ne se retrouve pas.
Elle revient alors à son rêve d’enfance et rejoint l’école de cirque Carampa, à Madrid, qui lui fait découvrir les différentes techniques circassiennes et surtout sa première performance chaussée du nez rouge.

Après quoi, elle anime des ateliers de cirque et crée un spectacle de rue, Miss Tarratata. Puis, ressentant le besoin de contribuer à rendre ce monde meilleur, elle entame un parcours humanitaire qui durera 17 ans. Entre ses différentes missions, elle continue son activité d’artiste de rue.
En 2021, ayant eu son lot de remous et de voyage, Édith recherche l’aventure dans les pratiques artistiques et met le clown au centre de son activité. Elle crée un solo clownesque, Les amours de Gabrielle, un spectacle engagé contre les discriminations – de genre en particulier.
Pour pousser plus loin son exploration artistique, elle entame en 2024 une recherche à L’L avec le désir de titiller ses modalités d’expression à partir d’un sujet qui la trouble : qu’est-ce donc cette réalité à laquelle nous semblons être si attaché·es ?