Emmanuel Eggermont
Recherches terminées
T-wall
Les T-wall sont de gros blocs de béton utilisés pour l’édification de frontières artificielles.
Etude sur les zones de tensions, cette pièce a comme point de départ la confrontation avec une zone singulière obéissant à ses propres règles, agissant comme révélateur de nos pulsions profondes.
Ces lieux chargés de particules nocives et de spectres d’une violence imminente existent, à l’image de la zone interdite autour de Tchernobyl, de la DMZ coréenne (zone démilitarisée du 38e parallèle) ou de toutes autres frontières conflictuelles. Un espace comparable au triangle des Bermudes où le calme plat côtoie les mystères et amorce les désastres. Une zone comme a pu l’être Hiroshima…
Il s’agit cependant dans cette pièce de s’intéresser plus à la sensation qu’à la signification, laissant une grande liberté de perception et d’interprétation de l’inconscient. Un travail sur le vide qui révèle la forme et le mouvement, comme une épreuve photographique plongée dans son révélateur.
Créé en février 2011, ce projet porté par Emmanuel Eggermont a bénéficié d’un accompagnement à la recherche à L’L au cours de l’année 2010.
Vorspiel
Prélude, ouverture, introduction («Vorspiel», en allemand)…
Une pièce en trois opus avec, à chaque fois, deux interprètes et un-e invité-e sonore ou musical-e. Trois études, pour de mêmes intentions : «s’interroger sur ce qui précède, ce qui est en devenir, sur la construction et la déconstruction».
Vorspiel s’entend comme un temps d’expérimentations, de rencontres et d’échanges. Un espace de recherche aussi ; ou plus précisément, une recherche sur l’espace. Plus que sur des atmosphères, Emmanuel Eggermont travaille en effet ici sur des architectures (du lieu, de la dramaturgie, des corps).
À travers cette série de « presque objets chorégraphiques », Vorspiel cherche à offrir la possibilité de moments privilégiés, d’espaces-temps de spiritualité, de recueillement.
«Il ne s’agit pas de comprendre, il s’agit de sentir. Ce n’est pas la même chose. (…) Ce titre de metteur en scène est quelque chose, encore du théâtre, qui abime tout, qui gâche tout… Il n’y a pas de mise en scène : il y a quelqu’un qui sent les choses et qui les reproduit tel qu’il les sent pour les faire ressentir à d’autres personnes. C’est tout…» Robert Bresson, Cannes 1983.
Πόλις (Pólis)
Partir de l’idée de la « cité », en tant que notion tout à la fois urbaine, sociale, mythique… Interroger son processus de formation et d’organisation ; que cette «cité» soit antique, moderne, ouvrière, virtuelle…
Creuser ces questions à la manière d’un archéologue, en partant de cet endroit délicat où il peut être amené à se servir du fictionnel pour étudier une réalité révolue, fossilisée. Cet endroit où fiction et réalité s’entrecroisent le temps d’une projection scientifique.
Travailler dès lors sur l’idée de strates, de recouvrement. Effectuer un carottage stratigraphique interne et externe. Eprouver notre capacité à voir au-delà de la couche superficielle. S’appuyer pour cela sur l’expérience de l’« outre-noir » de Pierre Soulages.
Ses toiles dont le noir petit à petit recouvert l’intégralité de leur surface pour mieux laisser apparaître des couches structurées de matières sombres révélant la lumière et une infinité de teintes insoupçonnables.
Πόλις (Polis) aussi, pour questionner notre aptitude à construire ensemble. De l’expérience sociale des utopies fouriéristes au chaos entropique des mégalopoles modernes. De l’étude des villes accueillant le processus de création, à l’étude des cités perdues, ou enfouies comme Pompéi préservée sous des couches de sédiments volcaniques.
Πόλις (Polis) enfin, pour percevoir tous les acteurs de cette « cité chorégraphique » en construction comme autant de microcosmes à examiner.
Biographie
Parcours à L'L
Une seconde recherche débute en mars 2011, sous le titre Vorspiel. En juillet 2012, l’association des CDC choisit ce travail pour leur coproduction commune 2013. Vorspiel passe donc à sa phase de création ; la première a eu lieu en octobre 2013, à l’échangeur – CDC Picardie, dans le cadre de son festival C’est comme ça!
En mai 2014, il entame une troisième et dernière recherche, qu’il choisit d’intituler Polis.
Après 3 recherches, Emmanuel Eggermont quitte L’L en mars 2016.
De ces deux années passées en Corée du Sud et de son travail avec Raimund Hoghe (Boléro Variations, Si je meurs laissez le balcon ouvert et L’Après-midi…), il en a tiré une attention pour l’essence, pour l’essentiel. Sans nier une recherche sur la force possible de la scène, il développe une écriture précise et minimale, pour mieux donner une valeur (un focus) à chaque détail, pour échapper à la profusion « spectaculaire ».
Depuis mars 2010, Emmanuel Eggermont est en résidence de recherche à L’L (Bruxelles). Un processus qui a abouti à un trio, T-Wall (2011) et à Vorspiel (2013),pièce en trois opus pour trois espaces pour laquelle il invite musiciens, acteurs et plasticiens à se joindre à la représentation.
En 2014, il est invité par la SACD à participer aux Sujets à Vif au festival In d’Avignon 2014.
Emmanuel Eggermont est lauréat de la bourse d’écriture de l’association Beaumarchais pour le projet Strange Fruit.